psychanalyse
Uzès
VALERIE VIE

L’incapacité de tout dire n’est pas une maladie, c’est LA maladie, qui produit d’autres maladies ; apparemment on est malade de l’estomac, du cœur, de l’intestin, en réalité on est malade de la langue.
La langue est le rapport entre le fils et sa mère, et par extension entre l’homme et tout. C’est ce rapport qui en réalité est malade.
«Comme la langue est un rapport, la maladie est épidémique: nous vivons plongés dans la maladie, et transmettons la maladie en transmettant la langue: la langue est le virus de cette maladie qu’on appelle l’homme. Plus l’homme devient homme et se différencie de l’animal, plus son mal s’aggrave. C’est ce que nous appelons le progrès. L’animal n’est pas névrotique et ignore le progrès. Il y a un orgueil de la névrose, qui ne fait qu’un avec l’orgueil d’être homme. Il y a un mépris du non-névrotique qui ne fait qu’un avec le mépris du soushomme. Cet orgueil d’être soi et ce refus d’être autre que soi constituent le principal obstacle à la guérison, autrement dit à l’analyse.»
(Ferdinando Camon, La maladie humaine)

Une analyse
JACQUES LACAN
"C'est aussi que ce lambeau de discours, faute d'avoir pu le proférer par la gorge, chacun de nous est condamné, pour en tracer la ligne fatale, à s'en faire l'alphabet vivant."
SIGMUND FREUD
« Quelqu’un, par ailleurs maître de soi, souffre d’un conflit interne auquel il ne peut mettre fin tout seul, si bien qu’il finit par venir chez le psychanalyste à qui il se plaint et demande de l’aide. » C’est ainsi que Freud définit en 1920 les conditions d’une demande adressée au psychanalyste. Car une psychanalyse ne peut se concevoir sans une demande initiale adressée à un psychanalyste. Cette rencontre devient la condition de la création d’un lieu où, par la parole du patient, sa souffrance, ce qui se répète dans sa vie, ce qui l'encombre pourra enfin être déposé.
Françoise Dolto
« Si le langage obscur de l’inconscient, qui réunit tous les êtres humains, qui les associe, qui les structure, qui les tisse les uns aux autres n’est pas dit, c’est le corps qui parle ce langage. »

Graphorisme de Christian Dubuis Santini

TEXTES
« Χρεὼ δέ σε πάντα πυθέσθαι ἠμέν Ἀληθείης εὐκυκλέος ἀτρεμὲς ἦτορ ἠδὲ βροτῶν δόξας, ταῖς οὐκ ἔνι πίστις ἀληθής. » PARMÉNIDE
SIGMUND FREUD
En l'absence de dons spéciaux de nature à orienter les intérêts vitaux dans une direction donnée, le simple travail professionnel, tel qu'il est accessible à chacun, peut jouer le rôle attribué dans Candide à la culture de notre jardin, culture que Voltaire nous conseille si sagement. Il ne m'est pas loisible dans une vue d'ensemble aussi succincte, de m'étendre suffisamment sur la grande valeur du travail au point de vue de l'économie de la libido. Aucune autre technique de conduite vitale n'attache l'individu plus solidement à la réalité, ou tout au moins à cette fraction de la réalité que constitue la société, et à laquelle une disposition à démontrer l'importance du travail vous incorpore fatalement. La possibilité de transférer les composantes narcissiques, agressives, voire érotiques de la libido dans le travail professionnel et les relations sociales qu'il implique, donne à ce dernier une valeur qui ne le cède en rien à celle que lui confère le fait d'être indispensable à l'individu pour maintenir et justifier son existence au sein de la société. S'il est librement choisi, tout métier devient source de joies particulières, en tant qu'il permet de tirer profit, sous leurs formes sublimées, de penchants affectifs et d'énergies instinctives évoluées ou renforcées déjà par le facteur constitutionnel. Et malgré tout cela, le travail ne jouit que d'une faible considération dès qu'il s'offre comme moyen de parvenir au bonheur. C'est une voie dans laquelle on est loin de se précipiter avec l'élan qui nous entraîne vers d'autres satisfactions. La grande majorité des hommes ne travaillent que sous la contrainte de la nécessité, et de cette aversion naturelle pour le travail naissent les problèmes sociaux les plus ardus.
Cf. FREUD, Formulations concernant les deux principes du fonctionnement mental, 1933 (Œuvres complètes, t. VI) et Introduction à la psychanalyse, trad. par S. JANKÉLÉVITCH, Paris, Payot, 1922. (N. d. T.)
"Le fait que le moi ne recourt à aucune autre méthode de défenses contre certaines excitations déplaisantes d'origine interne que celles dont il use contre les sensations désagréables d'origine externe, voilà qui deviendra le point de départ de troubles morbides importants"
(Malaise dans la civilisation - Freud - 1929)
Recension d'"Écrire la clinique" de Agnès Benedetti, par Valérie Vie
Il n'est peut-être pas anodin qu’Agnès Benedetti, qui a fondé cette expérience collective d'un atelier d'écriture avec des travailleurs sociaux, ait choisi que l'ouvrage soit édité chez l’Harmattan, maison d'éditions créée en 1975 qui privilégie pour un auteur son droit à l'édition avant tout.
Un lieu d'inscription. Un lieu fertile tel le vent saharien du même nom qui en asséchant les zones tropicales, invoque le renouveau de la saison des pluies.
Agnès Benedetti est psychanalyste. Elle mène des recherches sur les dispositifs cliniques en milieu professionnel dans le champ du travail social. Elle invente donc un dispositif d’atelier d'écriture au cours d'une supervision d'équipe où les écrits professionnels demeuraient lettre morte. Les participants de l'atelier qui le désirent s'embarquent dans l’aventure d’une résidence d'auteur. Qui commence à Moyrazès, le paysage de cette écriture, un lieu dans la mémoire., un contenant d'inquiétude et d'inattendu qui s'accorde à d'autres lieux-contenants chez la lectrice que je suis.
Les voici réunis dans une prise de risque, dans un franchissement vers l’inconnu de où cela mènera, de comment cela va-t-il opérer, de qu'est-ce qu'il se produira.
Comme le souligne l’un des contributeurs, "tout commence par une évocation" : un appel à faire advenir, une invitation à cultiver la fertilité du désir en Alchymiste, dans la pure définition Rabelaisienne "celle ou celui qui veut obtenir de mystérieuses transformations".
Et si nous devenions auteurs? Et qu'est-ce qu'être auteur? Où se situe le sujet/auteur dans cette chaîne de signifiants oubliés qui se révèlent à la lumière Noire de l’écriture?
Agnès Benedetti les invitent dans une découverte du peintre Soulages dès le début de l’aventure. Faire face au noir, voir l’Entre, l’Outre, voir ce qui s’y révèle et ce qui s’y efface. Puis ils empruntent « ces chemins non-frayés », « encombrés de broussailles », qu'elle évoque dans son introduction, car il va s'agir d'écrire, de dire, de lire, d'écouter, de réécrire, d’écrire par-dessus, d'effacer, d'écrire autour. De franchir.
Écrire comme on casse des pierres, forer jusqu'au cœur, puis renoncer, renoncer au sens de son dire, renoncer à la propriété du signifiant. Et peut-être renoncer à être auteur? Telle est la question.
Les contributeurs se lancent, balbutient, trébuchent, se confrontent aux lacunes du langage. Leur inquiétude de l'acte d'écrire vient questionner notre savoir lire.
Le dispositif tel qu'il est bâti permet l'invention : un mouvement de balancier des mots, une circulation des textes, un sens qui échappe, file, résonne ailleurs, trace et bâtit l’altérité salutaire car ce dispositif ne perd pas de vue l'effet supervision du travail clinique. C'est au fond un dispositif de traitement de la jouissance.
Le récit d'une situation pour qu'une écriture advienne, parti du singulier, du vécu, pour se fondre dans le groupe, resurgir de l'un par l'un. C'est ce qui produit l'effet palimpseste : c'est quand l'un-B efface le sens de l'écrit de l'un-A qu'un autre écrit de l'un-A apparait, advient alors et de l'écriture, et du sujet. Il y a du "l'un vers l'autre" c'est le mouvement du texte, mais l'effet se produit parce qu'un autre prend le risque d'être un qui réécrit. Ça s'écrit ailleurs et autrement, ça s'efface, s’évide, s'érode au fur et à mesure des scriptes. Leurs révélations se superposent à celles du lecteurs. Car on ne peut, en lisant, échapper aux effets du dispositif : nous sommes là, nous sommes du « commun » comme adresse, comme la lectrice que je suis.
Agnès et les contributeurs réalisent un palimpseste. Ces manuscrits qui étaient poncés, grattés (palimpseste vient du grec palímpsêstos, « gratté de nouveau ») pour être recouverts d’une nouvelle écriture. Deux textes à lire l'un sur l'autre. Puis un autre encore. Puis encore un. L’un se révélant là où l'autre s'efface.
Le "par chemins" qu’Agnès propose au groupe d'écrire, d'en être "auteurs", mènent à des révélations auxquels, ni les auteurs, ni les lecteurs ne s’attendent. Les signifiants se bousculent et de Soulages aux Ateliers, de Moyrazès au Lieu, des pans d'ombres s'éclairent et se tisse un espace « fibré ».
Cet ouvrage qui est la mise en pratique d'un dispositif se révèle comme une proposition exemplaire d'un lien social.
Un lien d'amour soucieux de pouvoir approcher ensemble l'impossible à dire, de franchir l'obstacle du langage lacunaire et de bâtir un « commun » où s’ ancrer davantage.
Agnès, tels les conteurs Catalans qui commencent leurs histoires par une brèche où scintille un bout de vérité « c'était et ce n'était pas », ou les conteurs Turcs qui eux les entament par « une fois il y eut, une fois il n'y eut pas », explore avec douceur et expérience le maniement du négatif pour qu'advienne la révélation d’un bout de ce « savoir nouveau dont nous ne savons rien » qui tisse notre rapport au réel de la clinique.
Valérie Vie - Octobre 2020
Jacques Lacan
Diogène Laërce
http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/laerce/table.htm
Parménide (Traduction du grec) :
http://philoctetes.free.fr/uniparmenide.htm
"Apprends donc toutes choses,
Et aussi bien le cœur exempt de tremblement
Propre à la Vérité à l'orbe pur,
Que les opinions des mortels, dans lesquelles
Il n'est rien qui soit vrai ni digne de crédit."

PATRICK VALAS:

SÉMINAIRES DE CHRISTIAN DUBUIS SANTINI :
LACAN, NOUS ET LE RÉEL
LE COLLÈGES DES HUMANITÉS
ATELIERS DE TOPOLOGIE
FONDATION DE LA PSYCHANALYSE
Lacan, pas sans Freud.
Entreprendre une analyse.
Difficulté à vivre, à dire. Angoisse. Addiction. Répétition. Deuil. Conflit. Blocage.
Travail
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